Elle nous raconte deux histoires simultanement. D’une part, les reflexions et sentiments d’une journaliste trentenaire parisienne qui, suite a une rupture amoureuse, charge la plus celebre des applications de rencontre, et d’autre part l’histoire de Tinder, l’application creee en 2012, qui possi?de revolutionne la maniere d’effectuer des rencontres.
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Un support Afin de l’introspection Notre premiere histoire est une affaire sensible et honnete dans le rapport a soi, a le image, a l’amour, Lorsque l’on reste une jeune femme moderne, feministe mais vivant a l’ombre des belles tours du « male gaze », c’est-a-dire du regard des hommes. Comment gerer le celibat et l’envie de faire des rencontres si l’on devra aussi passer sous Mes Fourches caudines des injonctions sociales detaillant cela serait « une vie digne d’etre vecue » comme le evoque Judith Butler. Notre recette officielle du bonheur feminin est simple ; i§a a d’ailleurs assez peu change depuis une vingtaine d’annees. Notre plaisir ? C’est votre jean taille 36. La honte ? Etre celibataire a 30 ans. Notre pire angoisse ? Ne pas reussir a se caser avant 40 ans parce qu’apres on perd toute valeur dans « le marche d’une bonne meuf » comme devoile Virginie Despentes. La reussite ? Rentrer dans un jean en taille 36. Et cela disait Bridget Jones en 1996 n’a jamais pris une ride… meme si la conscience feministe de l’autrice sait bien que ces regles ne viennent pas d’elle et que plus elle tente de s’ajuster a cet ideal patriarcal, moins elle se respecte. Peut-etre que l’element qui manque a son recit, c’est J’ai prise de conscience de sa dimension tres situee : une telle histoire reste precisement celle d’une Parisienne blanche trentenaire qui possi?de fera des etudes superieures. Ses contraintes, ses angoisses, ses loisirs et ses libertes paraissent etroitement lies a sa position sociale. Elle raconte sa propre histoire, mais sans avoir explicitement conscience que une telle histoire est liee a sa categorie socioprofessionnelle et a son age. Cela J’ai choque le plus, dans son enquete via Tinder, c’est le fait que l’application lui attribue une note de desirabilite, un score qui est secret et qui conditionne le type de profil qui lui sera propose. Tinder fera se approcher des joueurs de memes forces, c’est-a-dire des personnes evaluees comme egalement desirables, mais Tinder ne communique jamais a ses client-es la note qui leur attribue. Une part de l’enquete de Judith Duportail va etre motivee par la decouverte de une telle note. Pourtant, nous allons voir qu’il ne s’agit que d’un detail d’la strategie de Tinder.
Du livre l’amour sous algorithme editionsgouttedor
L’histoire dont je vais parler dans votre propos, c’est l’autre, celle de Tinder et des applications de rencontre. Judith Duportail n’est la seule a la raconter. Elle a nombre ete aidee par Jessica Pidoux, doctorante a l’universite de Lausanne. A l’origine des travaux de Jessica Pidoux, depuis une idee toute simple. Quels paraissent les brevets qui ont ete deposes par Tinder et qui paraissent donc a l’origine de le fonctionnement ? Mes entreprises repetent tellement que leurs algorithmes sont secrets qu’on finit via les croire. Pourtant, si on depose une idee pour qu’on ne vous la vole nullement, on doit bien la decrire. En somme, une bonne partie du mystere reste accessible dans Internet, le demeure, c’est de l’analyse sociologique. En preambule, je tiens a preciser que je n’ai rien contre le principe des applications de rencontres, que ce soit Afin de rechercher une rencontre ephemere ou un partenaire de longue duree. Choisir une telle appli, c’est 1 moyen pour aller de l’entre-soi, pour ne pas devoir draguer via le lieu de travail, Afin de eviter de transformer l’ensemble de ses loisirs en possible terrain de chasse. C’est aussi un moyen de faire de l’entre-soi : approcher des personnes ayant la meme religion ou identiques valeurs sociales comme des applications qui ciblent des individus avec un mode de vie ecologique et decroissant. Et enfin, c’est votre moyen de s’amuser avec sa sexualite. Mon seul probleme, avec ces applications, c’est leur opacite, d’une part, et leur cote addictif d’autre part… non nullement addictif a la rencontre, mais a l’application elle-meme. Un fonctionnement avec lequel les utilisateurs et utilisatrices ne semblent gui?re familiers, faute d’avoir ete averti-es (voire forme-es) et sur lesquels les applications se gardent de communiquer.
Les applications de rencontre : de grosses machines a sous Tout part d’un malentendu : on croit, a tort, que l’optique premier de Tinder et de ses clones est de nous permettre de faire des rencontres. Cela n’en reste rien : un but est de rapporter de l’argent. Les rencontres seront juste le moyen d’y parvenir. Comment monetiser efficacement ce type de site ? Comme nombre d’autres sites, Tinder est gratuit mais vend des fonctionnalites qui permettent a la version gratuite d’etre plus performante. Tinder ne aspire i nullement vous Realiser accoster l’amour, car ce pourrait i?tre la mort de le fonds de commerce. D’ailleurs, il ne s’est jamais positionne sur le creneau de la rencontre « Afin de notre vie » mais plutot du « coup d’un soir » ou du « plan cul » : votre paraissent des experiences qu’on est en mesure de reiterer sans fin et rapidement, contrairement a la relation amoureuse sexuellement exclusive, qui n’est absolument nullement « bankable ».
L’autre possible enfile en ?uvre avec Tinder Afin de gagner de l’argent reste de transformer ses utilisateurs-trices en produit. A la connexion, Tinder deploie un certain nombre de subterfuges Afin de collecter le plus de donnees vous pour. Cela vous invite a lui apporter les cles de ce compte Facebook, Afin de ne pas presenter ce profil a toutes vos amis-es. Cela vous propose, via Spotify, de mettre en lien la chanson preferee, car ma musique reste un excellent moyen d’entamer la conversation. Enfin, il vous invite a connecter la compte a Instagram ou on voit des tonnes de photos geniales qui vous permettront de vous illuminer. Prevenant, Tinder ? Disons plutot qu’il se comporte comme un formidable aspirateur, engrangeant bien votre qu’il peut attraper et utilisant une infime partie de ces informations Afin de le activite « vitrine » : vous aider a rentrer en relation avec les inconnu-es qui vous ressemblent. On va pouvoir neanmoins utiliser Tinder en fournissant le strict minimum d’informations : pour choisir l’application, vous avez juste besoin de mettre votre numero de telephone (qui ne va i?tre pas communique), un pseudo, la age, sexe et localisation. Puis, vous indiquez le sexe des individus recherchees, leur tranche d’age et la distance maximum a laquelle elles doivent habiter. Ensuite, l’application vous demande de charger 2 photos pouvant representer n’importe quoi (vous pouvez aussi mettre un cliche noire), et c’est parti.